par le Dr Patrick-andré Chéné paru dans le magazine « SophrologiePratiques et perspectives » n° 2 mars 2014
Le Dr Chéné justifie l’association de la sophrologie et de la sexologie en nous présentant certaines techniques employées.
L’utilisation de la Sophrologie en Sexologie Tout comme la sophrologie, la sexologie a acquis ses lettres de noblesse, elle est devenue à la fois une discipline scientifique générant de nombreuses études sur l’acte sexuel, mais aussi un métier exercé par des « sexologues ».
Les problèmes sexuels sont une demande fréquente en entretien sophrologique. La synergie de la sophrologie et de la sexologie est étonnante. Les séances de sophrologie, effectuées préalablement à la pratique de la thérapie sexuelle potentialisent l’efficacité de celle-ci.
Voilà plus de 20 ans que j’associe la sophrologie à mes consultations de sexologie avec des résultats souvent rapides et inespérés.
Pourquoi aborder l’association sexologue-sophrologue ?
Ce sont, aujourd’hui, deux métiers d’applications pratiques. Même si la sexologie, discipline médicale possède un riche corpus, scientifique, théorique, psychologique, humaniste, littéraire, philosophique et politique, c’est rarement lui qui permet de guérir. Ce sont bien ses avancées pratiques et son efficacité pour soulager les patients de leurs troubles sexuels qui lui ont permis d’accéder au statut qu’elle a aujourd’hui ; avec des techniques de rééducation sexologique dont les véritables initiateurs furent Master et Johnson. Le recours à la psychothérapie pourra se faire dans un 2e temps, en cas de résistance, ou de traumatisme profond, mais avant, bien des cas auront été résolus. De même la sophrologie est avant tout une discipline pratique, une méthodologie, même si elle s’appuie sur des concepts philosophiques et épistémologiques. L’adjonction de la méthode sophrologique à la sexologie permet de renforcer l’utilisation de celle-ci. Cette Synergie réside dans le fait que les méthodes sophrologiques potentialisent et facilitent l’exécution et le succès de la rééducation sexologique. L’établissement de protocole est l’une des premières compétences demandée au sophrologue. Le sophrologue est un véritable praticien, il n’utilise pas des recettes stéréotypées ou « magiques » vides de sens, il établit un protocole personnalisé en fonction de chaque sophronisant et s’adapte au rythme propre de celui-ci.
Quelques grandes directions :
• Le corps. Si la Spécificité de la thérapeutique sexologique actuelle est l’attitude physiologique & la rééducation corporelle, cela sous-entend qu’au travers de nos séances les personnes vont apprendre à vivre leur corps, à le découvrir leur corps, à être dans leur corps au travers des séances. On est déjà, en proposant cela, dans la sophrologie. Le sexologue est un peu comme le sophrologue, sans chercher le pourquoi, il va faire que ça fonctionne. La sexualité, même si la dimension mentale est cruciale, ne fonctionnera pas sans un passage par le corps, tout ce que nous vivons est mémorisé, enregistré et capitalisé par le corps.
• Le lâcher-prise : nécessaire à l’acte sexuel, il est bien-sûr favorisé par la sophrologie
• La dimension existentielle. S’il est quelque chose d’existentiel, c’est bien la sexualité, au cœur de nos vies et de la vie, la sexualité est phénomène. On parle souvent des « phénomènes sexuels », la sophrologie est une phénoménologie existentielle, elle apprend à l’individu à découvrir ses potentiels, à être à l’écoute de ce qui émerge en lui, c’est à dire les phénomènes qui arrivent à sa conscience. Ils sont la source de tous les « possibles ».
• La vivance est la pierre angulaire du travail sophrologique, elle est en permanence activée par la méthodologie. La vivance, c’est vivre cette vie qui est en soi-même, être à son écoute et laisser émerger ses propres capacités, ses propres compétences, ses propres valeurs et sa force vitale. Au centre de la méthode sophrologique la vivance va faire vivre l’acte sexuel, ne plus en être spectateur. Elle va libérer de l’a priori, des représentations mentales et permettre d’évoluer par la force de ce qui se vit, par l’ouverture aux phénomènes, à l’Expérience vécue.
• L’entretien sophrologique permettra de sélectionner ce qu’il est possible d’entreprendre ou non. Sans rentrer dans les détails, certaines pathologies, psychoses, mésententes profondes au niveau des 2 partenaires constituent des contre-indications. Des causes passagères comme la nécessité d’un traitement préalable, des raisons familiales et sociales, feront différer la prise en charge,. Le plus souvent le sophrologue accueille les couples, mais un entraînement en individuel peut-être entrepris permettant un abord futur de la sexualité avec moins de craintes et de peur de l’échec. La demande est le plus souvent de répondre à des dysfonctions sexuelles mais les acquis de la sophro sexologie permettront aussi de répondre à une demande d’amélioration de la sexualité.
• Rappelons quelques points fondamentaux que le Sophrologue devra respecter.
• Pas d’interprétation. Se méfier de ses propres représentations,
• Garder ses distances – être plus que jamais professionnel
• Ne pas déshabiller, ne pas toucher. Respecter la dignité.
• Respecter les réalités existentielles de chacun, Laisser faire le phénomène.
• Apprendre au couple à prendre le temps. Motiver le couple, éviter la procrastination qui espace les séances et empêche l’efficacité de la technique. Faire comprendre l’intérêt d’arrêter le temps ; le temps qu’ils vont consacrer à l’acte sexuelle a finalement plus d’importance dans leur équilibre, leur bien-être et leur anti-stress que tout ce qu’ils auraient pu faire à la place par habitude ou dépendance à une quotidienneté non réinventée.
• La posture. En sexologie, on peut faire de la sophrologie allongé. A mon cabinet, je la pratique assise, mais je leur explique toujours qu’ils peuvent s’allonger chez eux. • La nudité. Sauf aux toutes premières séances, l’écoute sonore pourra s’effectuer à domicile, dans la nudité préalable à la sexualité, ambiance agréable, posture d’intégration ou plus intime.
Les Sophro-évocations
Je propose une nouvelle technique adaptée pour les séances de sophrologie en sexologie : la « Sophro-Évocation ». Au travers d’un enregistrement préalablement effectué en consultation par le sophrologue et que les sophronisants écouteront chez eux, il s’agit de vivre, via la séance de sophrologie, la pratique qui va suivre. Préparation aux exercices de rééducation sexologique proposés, cette vivance préalable à ce qui va être pratiqué ensuite est la technique idéale en Sophro-Sexo, parce que la préparation vivantielle prépare et active le désir d’effectuer l’entraînement. Lorsqu’on explique aux patients en sexologie « voilà ce que vous allez faire… » et qu’ils essaient de pratiquer, souvent, à froid, ils ont des difficultés assez compréhensibles à s’y mettre. Avec la sophrologie, la vivance préalable en niveau sophroliminal permet une pratique bien plus aisée et naturelle du contenu de la sophro-évocation qu’ils auront déjà assimilée et intégrée par l’écoute. Un terpnos logos épuré du Sophrologue sera nécessaire, la séance enregistrée destinée à être écoutée devant être courte : 10 à 15’ maximum.
Quelques exemples de séances.
Pour illustrer l’utilisation de la sophrologie en sexologie, je propose un canevas rapide, de quelques séances choisies, ce n’est qu’un exemple et l’adaptabilité, principe fondamental du sophrologue, permettra d’envisager de multiples autres voies. Les séances peuvent relever soit d’un tronc commun à tous les dysfonctionnements, soit de séances plus spécifiques de la thérapeutique sexologique avec des séances propres à chaque dysfonctionnement.
1. Type de séance : la sophronisation de base, la relaxation, le lâcher prise La sophronisation de base vivantielle est la technique d’entrée dans la sophrologie. Au début il peut même s’agir d’un peu de relaxation, et il n’est pas inutile de répondre à une première demande de ce type avant d’avancer dans les techniques sophrologiques spécifiques. C’est déjà là, obtenir du couple qu’il prenne le temps de s’arrêter, que les partenaires trouvent le temps de faire leur entraînement. La détente et la relaxation seront les premiers points à obtenir liés à la respiration, ils suffisent souvent à obtenir des résultats étonnants.
2. Type de séance : L’apprentissage de la respiration La sophro-respiration synchronique (SRS) et les diverses respirations renforcent le lâcher–prise et la présence du corps dans la conscience. Essayer notamment de respirer bas, jusqu’au bas-ventre, développe l’envie, la pulsion, l’aptitude à la sexualité
3. Type de séance : L’évacuation du Négatif Éloigner les pensées parasites, les empêchements à la sexualité, les cognitions négatives sur la sexualité. on va « déplacer le négatif corporel », mais on va aussi demander aux sophronisants d’apprendre à évacuer les angoisses et les cognitions négatives liées à la sexualité, car pour nombre de gens qui ont des problèmes sexuels, la sexualité ce n’est pas quelque chose de pur et beau, c’est la tache originelle, c’est le péché……
lire la suite dans « Sophrologie Pratiques et Perspectives » ou le livre du Dr Chéné « Sexologie et Sophrologie »
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