RELAXATIONS DYNAMIQUES 5 ET 6 (RD5 – RD6)
En introduction quelques propos sur les Relaxations Dynamiques 5 à 12
Après des échanges avec des sophrologues n’ayant pas encore suivi cette évolution de la sophrologie qu’est le cycle supérieur, car longtemps uniquement enseigné en Andorre par Caycedo, j’ai constaté que l’avis péjoratif sur ce cycle donné par certains était en fait lié à la méconnaissance de ces Relaxations Dynamiques 5 à 12. L’idée est donc de présenter le contenu et l’intérêt de celles-ci.
Pour les sophrologues de quelque provenance que ce soit, aller au bout du parcours est un objectif légitime et passionnant, tant pour la pratique professionnelle que pour une progression personnelle. Ces RD sont extrêmement riches et complètent le potentiel des quatre premiers degrés. Elles ouvrent sur tout un développement phénoménologique et existentiel qui offrira aux sophrologues qui le parcourent, quasiment l’ensemble des outils utilisés par les différentes disciplines psychocorporelles actuellement en vogue.
Tout d’abord pour introduire cette série d’articles sur la RD5 à 12, je voudrais vous commenter un tableau récapitulatif. Les RD 5 à 12, ont été établies par Caycedo dans les années 1990, et ont évolué, se sont constituées avec ses collaborateurs au fil de réunions et de vivances.
Le cycle supérieur repose sur des contenus philosophiques, phénoménologiques et existentiels qui font partie intégrante du corpus de la sophrologie.
Les RD5 à 8 sont de nature phénoménologique, inspirées par la réduction eidétique d’Husserl. Allant à la recherche de l’essence des choses, de l’être et de ses possibles, elle développe au travers des degrés 5 à 8, la vivance et la présence des structures fondamentales de l’être.
RD5 Dimension conscience (conscience-énergie),
RD6 Dimension vitale. Présence de « l’âme » (souffle vital), que l’on peut appeler comme on le souhaite mais qui fait vivre l’essence de cette dimension mystérieuse de l’être.
RD7 Dimension biologique, à l’essence du corps,, de la vie avec la phylogenèse.
RD8 Dimension mentale par la vivance de l’ontogenèse, cet être que nous sommes.
RD9 La marche de la liberté existentielle, liberté d’être soi, liberté d’agir selon ses choix, ses valeurs profondes
RD10.La vivance de la tridimensionnalité d’abord des objets, puis
RD11 des êtres et du monde réel, va développer notre intuition, notre capacité de saisir l’historicité des choses, des êtres et du monde
RD12. Enfin la nouvelle quotidienneté, celle de la vie remplie de sens, de valeurs, en cohérence avec son être toujours dans le questionnement existentiel et l’ouverture permanente de la conscience et non pas seulement au moment de méditations.
Un syncrétisme construit au travers d’une méthodologie, liée à la force que peut avoir le travail phénoménologique et existentiel sur la conscience.
Relaxation Dynamique 5 et 6 (RD5/6)
Les outils utilisés dans les séances de la RD5 sont :
- La réduction eidétique de Husserl, la question radicale, les essences
- Les sons, l’entrée dans l’utilisation du son et de ses résonances corporelles
- L’énergie de la conscience
- L’immersion
- La vivance cellulaire, l’introduction à la conscience cellulaire après avoir expérimenté et perçu la conscience tissulaire
Ces outils interfèrent bien sûr entre eux et se complètent.
L’introduction du concept philosophique et phénoménologique de radicalité
Il est dévolu aux RD5 à 8.
La première réduction, dite philosophique, d’Husserl inspire la méthodologie qui est à la base de l’attitude philosophique & phénoménologique du premier cycle à savoir : le retour à la chose même, la suspension du jugement et la mise entre parenthèse.
Le cycle supérieur s’inspire lui, au travers des RD 5 à 8 de la réduction eidétique de Husserl (du grec eidos qui signifie idée ou essence) . Il propose d’aller à l’essence [ce sans quoi une chose ne serait pas ce quelle est ] des choses. Les RD9 à 12, tout en continuant la démarche entreprise, permettent d’intégrer une dimension existentielle en pleine conscience.
Cette nouvelle réduction est donc centrée sur l’essence de la chose, sur l’intuition nécessaire à son appréhension. Les essences sont rattachées à l’expérience du vivant. Je dirais même qu’elles ramènent par la voie du phénomène à ce qui se vit au fond de nos entrailles.
L’eidos est le principe, la structure nécessaire de la chose, ce qu’elle constitue, dans sa structure essentielle et invariable, une fois éliminé tout ce qui, en elle, est contingent et accidentel.
En sophrologie, déjà aidé, dès le premier cycle, par la captation de la « forme » omniprésente dans nos terpnos logos, l’accès à à la nature première, radicale, à l’essence de ce que l’on est au monde, est plus aisé…
La vivance de la réduction eidétique s’effectue par la praxis de la variation libre. L’objet choisi est débarrassé des constructions mentales et a priori. Libre cours à l’imagination, à l’accueil de phénomènes, est donné. Comme dans la mise entre parenthèses, différents éléments se chevauchent, et leur recouvrement conduit à l’essence de l’objet.
La question radicale, dans la RD5 et suivante, pose l’activation de cette recherche et se fait par un questionnement. Il s’agit d’une demande, posée pendant la vivance, destinée à activer, à entraîner l’émergence de l’intentionnalité. Cela s’effectue sous forme d’une question directe pourvue de l’idée d’aller à l’essence de la chose. Cette question s’inspire d’Heidegger et de son questionnement sur l’être. Il appartient à l’homme de décrypter et d’écrire son historicité. Heidegger écrivait que l’homme avait une dette envers l’univers, cet univers qui lui avait donné un être, et donc une dette envers cet être, celle de le faire exister. Pour cela, il proposa le questionnement : exister c’est choisir, pour choisir il faut se questionner, et se questionner dans l’optique sophrologique existentielle, c’est questionner son être. Du premier questionnement de l’homme naît l’idée d’un embrasement de l’être qui n’aura jamais de fin durant sa vie, et déterminera la passion d’être et d’exister.
Cette question radicale constitue l’essence même de l’étape radicale.Dans la RD5, elle a pour objet la conscience et s’appuie sur le son, pour explorer cette conscience profonde appelée conscience « phronique », aller à ses racines, essayer de capter l’essence même de celle-ci.
L’initiation à l’utilisation du son et de ses résonances corporelles
Avec les sons, et ici la voix, c’est un véritable pouvoir donné à l’homme. Son utilisation est ancestrale et permet une véritable intimité avec son corps. En effet le son est une onde qui se propage à travers le corps et amène à la perception d’une énergie acoustique et de vibrations pouvant agir sur celui-ci tant à travers les cellules de la peau qui perçoivent la pression (corpuscules de Pacini) qu’à travers l’oreille.
Les sons accompagnent notre corps tout entier, le réunifient. Les voies de perception des sonorités associent perception auditive et somesthésie. Le système auditif et la somesthésie sont 2 voies complémentaires.
Certains mantras sont célèbres et font l’objet de multiples déclinaisons à adapter selon l’éprouvé de chacun. En cela, ils sont quasi phénoménologiques, laissant le champ libre aux sensations-perceptions, activant les différentes voies de la sensibilité. Citons par exemple vam bam ram pam yam am om à perccuter sur les chakras.
En sophrologie la voix va servir de stratégie vivantielle dans la RD5/6 grâce à l’utilisation de phonèmes. Élément sonore du langage parlé, considéré comme la plus petite unité distinctive. Le français comprend 36 phonèmes (16 voyelles et 20 consonnes). On percutera ces sons sur les cinq systèmes, de différentes manières, ascendantes ou descendantes selon le but recherché.
Selon aussi la personne en raison du concept du moi sonore. Chaque être est différent dans son corps. Chaque voix est différente, Chaque être humain réagit différemment aux sons. C’est ainsi que chacun possède un moi sonore unique, souvent fonction de son historicité.
Les vibrations sonores ne peuvent donc pas être totalement systématisées. L’adaptabilité est de mise, amenant souvent à rechercher avec le sophronisant les vibrations sonores qui conviendront le mieux à telle partie du corps ou à telle pathologie, et constituent son « moi sonore ». Ainsi, la 1ère technique proposée fut appelée par Caycedo « Technique de résonance et constitution du moi sonore ». Cette technique, prélude à la RD5, sécable en séquences courtes, constitue la véritable initiation à l’activation sonore. Il s’agit ici de s’initier à l’émission de phonèmes audibles et non audibles RD6 (dits par la pensée). Cet entraînement préalable se fait avant la technique d’immersion et la RD5. Elle peut même être adaptée dans de multiples champs d’application en technique flash ou rapide. Le plus souvent, comme l’ensemble des techniques sonores, elle s’appuie sur des phonèmes, soit des voyelles simples A E I O OU, soit des sons consonnatiques introduisant des consommes, soit mixtes. Citons les plus utilisés par Caycdo lui-même « E OU FRO NI A, E MOU SO TRI A ». Pour chacun la recherche est ouverte.
L’utilisation de l’énergie dans la RD5
Que serait la sophrologie si elle n’utilisait pas la vivance de l’énergie ? Caycedo avait reporté l’entraînement énergétique dans les RD 5 & 6.
L’une des premières techniques, la sophro-activation vitale, va ici être approfondie pour aller à la source, à l’origine de l’énergie vitale, à sa radicalité. La RD5, centrée sur la découverte vivantielle de la stratégie sonore est profondément énergétique.
La conscience, 1ère essence de la RD5, est une énergie, subtile et encore quelque part mal mesurée, mais elle est cette force qui intègre chacun au monde du vivant, à chaque instant dans l’ici et maintenant. D’ailleurs le concept de conscience-énergie est établi et largement utilisé, dans de multiples disciplines.
Dans le déroulement des techniques sophro, l’énergie et ses différentes modulations est utilisé (SDN, SAV, dès la RD1).
L’énergie va être approfondie et développée par les vivances sonores dans la RD5/6 sur un plan ontologique. Il s’agit de cette énergie profonde présente en soi, qui révèle notre être par l’apparition de phénomènes dans la conscience. L’énergie responsable de l’intégration de l’existence de l’être, de son être propre, est ici perçue par une vivance renforcée par les sons. La vivance est énergie, énergie vitale qui émerge de soi, elle est l’incontournable vecteur de l’approche phénoménologique existentielle de la sophrologie amenant à vivre cette vie qui vit en soi.
La méthode sophrologique, va conquérir, par un entraînement approprié, une conscience qui peut alors devenir, par la vivance, pleinement l’énergie responsable de notre dynamique existentielle, et vitale. En résumé, la conscience énergie représente la conscience profonde, interne. C’est le nouveau regard phénoménologique et tridimensionnel qui fait évoluer et conquérir de nouveaux espaces de notre conscience et va ainsi l’ouvrir, permettre d’aller vers l’ouverture de la conscience, la conscience claire. C’est en cela qu’elle est créatrice de conscience.
L’immersion
Les sons émis par la voix, la pensée, la force l’énergie de la conscience, concourent à une immersion, au plus profond de soi, de son être, suivant la manière dont ils sont dirigés bien sûr. Pour comprendre l’immersion propre à la RD5/6, il est nécessaire d’extrapoler ce qui va se vivre dans les RD7 et 8.
RD5 et 6 = immersion
RD7 et 8 = émersion
De l’immersion à l’émersion. L’immersion est une plongée au profond de soi, vers l’intériorité le moi sonore, les résonances et les vibrations de l’être. Les sons descendent du 1er au 5e système provoquant Immersion aidés de l’orientation de la posture : vers le dedans ; vers le bas, la profondeur ; vers le grave ; vers une intensité faible.
L’émersion s’effectue vers le monde, elle est l’émergence, l’ouverture de la conscience vers l’esprit, l’éclosion, la lumière. Les sons montent du 5e au 1er système. Émersion : vers le dehors ; vers le haut ; vers l’aigu ; vers une intensité forte (labiales). Curieusement, on entend aujourd’hui parler de l’émersiologie1, et pas de « l’immersiologie », préalable à la première. C’est bien la démarche des RD5 et 6, avant les RD7 et 8, de vivre une immersion au travers de la conscience et de la dimension vitale de l’être.
Très clairement, il s’agit de cette part d’immanence qui existe en chacun, de la présence d’une vie à la fois bien matérielle, mais aussi cosmique et rattachée à l’univers.
La Technique d’immersion radicale de la RD5/6
Il s’agit de l’immersion de la conscience, immersion radicale. Le concept est peut-être difficile à saisir au premier abord : c’est par la vivance que s’opère réellement le processus, l’abord intellectuel restant purement spéculatif et non générateur d’effets. Historiquement, Pour l’abord de cette technique, Caycedo avait proposé, parmi d’autres à tester pour chacun, les phonèmes « E-DOU-SO-KI-A ». Cette technique, proche de la technique de résonance, en élargit la vivance aux sensations par les vivances tissulaire et cellulaires, et introduit la question radicale. Il s’agit, pour la conscience, de vivre une immersion dans le corps, les tissus, les cellules. Afin de respecter une certaine progressivité, l’activation sonore de la conscience démarre par les tissus, puis se concentre sur les cellules. Les deux sont de toute façon étroitement liés dans les vivances, il s’agit surtout d’une intention donnée à la focalisation de la conscience.
La conscience cellulaire
Ceux qui ont pu vivre intensément la conscience tissulaire dans les quatre premiers degrés se sont aperçus qu’elle menait souvent à une conscience cellulaire. Cela se vivait finalement souvent en prenant à témoin une cellule dans laquelle on s’immergeait pour caractériser et actionner tout le tissu.
Une impression de « magma biologique » dans la vivance de la dimension cellulaire conduit à se sentir au coeur de la vie des molécules, des métabolismes. Le noyau n’est pas loin, porteur de ses chromosomes, porteur d’une régulation intense dans laquelle s’expriment ou non les gènes en fonction de l’épigénétique, de l’écologie de la personne par rapport à elle-même, à son environnement et à la forcce de la pensée qu’elle va exercer sur sa dimension biologique grâce à l’entraînement.
Les vivances tissulaires et cellulaires sont immenses, menant à des applications en médecine, en réparation corporelle, et aidant à la réussite des traitements. On plonge au coeur des cellules pour vivre toutes les formes de conscience et d’énergies existant au sein de cette corporalité. La vivance est force agissante sur cellule, structure unitaire, porteuse de sa propre conscience, en principe en harmonie avec elle du corps dans lequel elle vit.
La vivance cellulaire consiste à vivre la présence d’une conscience cellulaire, certes différente de la nôtre, mais qui concourt à la nôtre : « Et la vivre la présence dans toutes les cellules de la corporalité. ».
En résumé
Les RD5/6 vont se centrer par la vivance du son, de l’énergie système par système, sur la conscience, sa dimension vitale, la question radicale permettant de vivre l’immersion vers les essences qui au sein de notre être nous guident. Les RD5/6 cellulaires se concentreront à chaque étape sur l’activation des cellules du corps.