Aujourd’hui le sophrologue est très souvent confronté à des personnes qui viennent le consulter pour les aider en matière de nutrition. Il n’est du ressort du sophrologue ni de déconseiller, ni de juger, les motivations de la personne même si l’idée du jeûne peut le mettre a priori mal à l’aise.
Les motivations
Les motivations peuvent être liées à l’amaigrissement, à la décision de nettoyage corporel, survenir dans le cadre d’une ascèse, d’une cure de détoxification. Plus récemment des études chez l’homme montreraient que celui qui jeûne vit plus vieux et guérit de certaines pathologies, ce jeûne thérapeutique peut devenir une motivation. Parfois les motifs ne sont pas clairement explicités, le sophrologue se garde alors d’interprétations hasardeuses qui ne seraient le reflet que de son propre a priori.
Quoi qu’il en soi les techniques sophrologiques peuvent largement aider à la réussite d’un jeûne. Une grande gamme de jeûnes est possible. Le sophrologue va s’enquérir auprès du sophronisant de son choix, de sa volonté, de sa réalité. Il peut ainsi s’agir d’une journée de repos digestif, de nettoyage intestinal, de jeûne séquentiel une fois par semaine. Le plus fréquent est le jeûne hydrique de 3 à 5 jours sans danger pour la santé si l’on prend la précaution de doubler voire tripler sa ration d’eau (2 à 3l par jour).
D’autres pratiques peuvent être aidées par la sophrologie mais elles sortent du cadre véritable du jeûne, telles, les diètes, alternatives ou mono, le régime cétogène, la semaine végétale, etc. Ces pratiques nutritives pour intéressantes qu’elles puissent être n’ont pas la puissance corporelle et spirituelle du jeûne.
La descente alimentaire
Un jeûne se prépare. L’entraînement sophrologique peut commencer plusieurs semaines avant pour vaincre les résistances. Grâce à la répétition des entrainements, familiariser le sophronisant à ce qui va se passer et lui donner ainsi non seulement la volonté de tenir, mais aussi de stimuler ses capacités. La sophrologie permettra de vivre les valeurs liées au jeûne, ainsi que, passé le premier jour, le plaisir qu’il va en retirer. C’est loin d’être spontanément évident et le sophrologue va lui offrir préalablement l’occasion de vivre cet événement et d’en faire un « gagné d’avance ».
La descente alimentaire doit durer le même nombre de jours que dure le jeûne lui-même. Dans la préparation sophrologique on essaiera donc de préparer tout d’abord à cette descente qui consiste à diminuer progressivement les apports alimentaires avant l’arrêt complet de nourriture.
Les techniques classiques de la sophrologie mettent en condition la personne telles, respiration, sophronisation de base vivantielle, expulsion des phénomènes négatifs, méditation. L’idée fondamentale de la sophrologie dans le jeûne sera de mettre le sophronisant en présence de son corps pour qu’il puisse vivre positivement les effets relativement rapides éprouvés dans le jeûne. La présence du corps, l’une des vivances premières de la sophrologie va aider considérablement le jeûneur. Tant dans l’éprouvé que dans les messages positifs qu’il va être capable de transmettre à son corps grâce à l’entrainement sophrologique. Parmi les techniques plus spécifiques de la préparation au jeûne, j’en citerai deux.
La vivance de la satiété
La diminution progressive des quantités de nourriture ingérée, doit se faire en pleine conscience. Non comme une punition ou une contrainte mais comme le moyen de prendre conscience que « ça suffit », prendre conscience des messages corporels différents de ceux de l’envie de manger. La perception de la satiété est souvent émoussée, elle est pourtant très importante à conscientiser non seulement dans la phase de réduction pré-jeûne, mais aussi pour la reprise alimentaire.
Le repas mental
Pour surprenante que cette technique puisse paraître, je l’ai expérimentée très fréquemment avec succès. Il s’agit quelque part de ne pas assimiler le jeûne à l’anorexie. Jeûner ne veut pas dire qu’on trouve les nourritures terrestres mauvaises, bien au contraire elles font parties de notre monde. Le repas mental bien pratiqué comme une méditation coupe la faim. Il permet aussi lors de la reprise de l’alimentation de garde la modération nécessaire à la bonne suite du jeûne
La période de jeûne proprement dite
L’accompagnement sophrologique au jeûne s’axe sur différents items.
Il doit permettre au sophronisant de revenir systématiquement au corps dès que les pulsions alimentaires, les envies de tout arrêter l’assaillent. Geste signal, focalisation corporelle, exercices flash de réappropriation doivent permettre de mettre en place les stratégies nécessaires
Prendre ses distances lors qu’il est tenté par les « saboteurs ». Les tentations sont souvent le fait de l’environnement. L’apprentissage de la mise à distance du saboteur par sophro-contemplation, la capacité de se mettre dans sa bulle, bouger son corps avec quelques exercices de RD simples pour le ressentir et évacuer les empêchements au jeûne peuvent entre autres techniques être proposées.
Et puis vivre l’état de conscience particulier au jeûne dans toutes ses vertus. Etat naturel, ancestral car dans l’humanité, il n’a pas toujours été aussi facile de se nourrir que dans nos sociétés occidentales. Et c’est là que la sophrologie va au plus loin de l’intérêt du jeûne, l’appréhension d’une véritable spiritualité au travers de l’état de conscience si particulier qu’offre le jeûne.
Dr Patrick-André Chéné
Merci pour cet article éclairant et réflexif. Bel été à vous.