Rencontre avec Anne Fontaine, intervenante à l’Académie de Sophrologie de Paris, pour la communication non violente.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots, s’il vous plaît ?

Bonjour, je m’appelle Anne Fontaine et j’anime à l’académie de sophrologie une formation sur la communication non violente, thématique qui me passionne depuis toujours.

Je me déploie professionnellement depuis plus de 20 ans dans la fonction ressources humaines et mon goût pour la relation interpersonnelle m’a naturellement conduite à me former à la sophrologie, le coaching, l’hypnose, la PNL, la CNV, l’analyse transactionnelle, l’ennéagramme et bien d’autres thématiques.

Ma vie professionnelle est donc partagée entre différents métiers : la sophrologie, les RH, la formation et l’hypnose.

Ma vocation : accompagner et transmettre.

Pouvez-vous nous expliquer en quelques mots ce qu’on appelle la communication non violente ?

C’est un mode d’expression qui facilite la communication, un langage qui renforce notre aptitude à conserver nos qualités de cœur, même dans des conditions éprouvantes.

La CNV nous aide à identifier nos valeurs et nos besoins spécifiques et nous motive à assumer la responsabilité de nos choix.

Son objectif est de nous rappeler ce qui fait la valeur profonde des interactions humaines, et de nous aider à les vivre avec cette conscience : prendre conscience que l’émotion ou le sentiment qui me traverse est le moyen que mon corps utilise pour me dire qu’un de mes besoins n’est pas nourri, me permet de comprendre bien plus finement ce qui se joue … dans ma relation à moi-même ou dans ma relation à l’autre.

C’est un outil qui permet de reconsidérer la façon dont nous nous exprimons et dont nous entendons l’autre : les mots ne sont alors plus des réactions routinières et automatiques, mais deviennent des réponses réfléchies, émanant d’une prise de conscience de nos perceptions, de nos émotions, de nos désirs.

Ce qui est génial, c’est que la CNV est efficace même lorsque la personne en face de nous ne connaît rien du processus.

Dans quel domaine pouvons-nous l’appliquer ?

Elle est utile dans tous les domaines : relations de couple, relations familiales, en milieu scolaire, en milieu professionnel, dans la relation thérapeutique, dans les relations d’affaires, pour les négociations, les résolution de conflits et différends de toutes sortes.

Quels sont les principaux outils ou les principales connaissances à connaître concernant la communication non violente ?

Il n’y aucun prérequis pour suivre cette formation, juste avoir l’envie de partir à la découverte d’une nouvelle façon de se relationner à soi et aux autres.

En quoi consiste cette formation, que va-t-on y découvrir ?

C’est une formation qui se déroule sur 2 jours pour avoir le temps de comprendre comment cela fonctionne, se l’approprier et l’intégrer dans sa propre boîte à outils.

Entre autres, nous y découvrons comment fonctionne notre cerveau et pourquoi , face à un stimulus, certains états internes peuvent apparaître et entraîner un comportement externe qui n’est pas toujours adapté.

Le déroulé de cette formation s’appuie sur de nombreux exemples pour illustrer concrètement les situations évoquées et repérer comment nous avons appris à communiquer et ce qui peut évoluer pour mieux se relationner.

On y parle également d’alliance et d’anamnèse qui s’enrichissent considérablement avec les apports de la CNV. On apprend à oser dire « non » en CNV, à exprimer un message difficile, à exprimer sa colère, à reconnaître ses émotions et leurs manifestations physiques. On part à la rencontre de l’écoute et de notre capacité à nous exprimer au plus près de ce que nous ressentons.

Durant la formation va-t-on mettre en pratique certaines méthodes, outils, protocoles au travers de mise en situation ?

Cette formation est basée sur une animation ludique : on y utilise des métaphores puissantes, la méthode d’apprentissage est simple, on prend le temps de se relier à ses besoins, il y a des jeux et des questionnaires et outils transmis aux stagiaires.

La formation est enrichie d’autres outils : la PNL (Programmation Neurolinguistique), le coaching, l’analyse transactionnelle.

Sont également proposés, pour mettre en œuvre immédiatement la CNV, des exercices pratiques, des défis, une routine CNV et des suggestions de lecture.

Pouvez-vous nous donner une situation dans votre expérience professionnelle, de la mise en pratique de la communication non violente par l’un de vos consultants, s’il vous plaît ?

Oui bien sûr ! Une personne est venue me consulter pour des séances de sophrologie me disant qu’elle était stressée. Au cours de l’anamnèse, j’ai utilisé l’outil de l’OSBD (O pour Observation, S pour Sentiments, B pour Besoin et D pour Demande).

En démarrant ce premier contact, sans outils autres que mes « techniques » sophrologiques, je serai passée à côté de sa vraie demande et elle ne serait pas partie à la rencontre de son vrai besoin.

J’ai donc mis en place l’alliance, ce rapport de qualité qui fait passer le message « je désire aller vers vous, comprendre ce qui se passe, pour que nous puissions cheminer ensemble ». En tant que sophrologue, je travaille avec cette qualité relationnelle et pas avec des techniques … les techniques mettent la conscience en mouvement mais sans la qualité relationnelle, la personne ne fait que des exercices, comme à la gym.

Tout l’enjeu est de positionner la personne dans une posture responsable, en tant que sujet (même si elle n’y est pas encore) : quand elle me disait qu’«elle était stressée », c’était ainsi qu’elle se définissait, elle s’identifiait à son mal-être et elle attendait de moi que cela évolue dans un autre sens ; elle ne pensait pas pouvoir faire quelque chose pour elle-même.

En déroulant l’OSBD, elle s’est rendue compte qu’elle était bien plus que du stress et cela a ouvert un espace de liberté dont elle s’est emparée … du stress, elle s’est rendue compte qu’elle adoptait un schéma relationnel au travail qui ne lui appartenait pas mais était une croyance de sa mère qu’elle avait fait sienne depuis longtemps, et qui ne lui convenait plus. Elle a pu ensuite se mettre au contact de ses besoins propres qui lui ont permis de se faire une demande à elle-même.

Décrire en quelques phrases cette anamnèse n’est pas évident tant elle a été dense et riche d’apprentissage pour cette personne … après avoir fait une SBV qui lui a « redonné du souffle » selon ses propres termes, elle m’a dit qu’elle était « surprise de s’être réduite à être du stress » et qu’elle se rendait compte que cela l’avait beaucoup contrainte.

J’affectionne la CNV parce qu’elle permet de se positionner dans un état d’esprit plus clair et plus serein et d’accueillir les émotions (les siennes et celles des autres) sans jugement.

En quelques mots, pouvez-vous nous dire pourquoi participer à cette formation ?

Il y a un avant et un après CNV : après la découverte et l’appropriation de cet outil, on a une compréhension plus large de ce qui se joue dans la relation, on peut voir les choses au-delà de l’immédiateté, on a développé cette part de nous qui porte attention à bien comprendre l’autre, à accepter les désaccords, à s’exprimer sincèrement et sans jugement, à exposer son ressenti et ses besoins de manière positive.

Interview réalisée par l’Académie en compagnie d’Anne Fontaine le 16 février 2023.